samedi 2 mars 2013

Vaincre le Capitalisme

Comment sortir du capitalisme et de ses avatars ? Comment se dégager de l’esprit de compétition et d’appropriation ?

 
Abolir le travail, le salariat, l’entreprise, la concurrence, la pub, la marchandisation, l’Etat, les classes sociales, la propriété, etc..., c’est possible, mais seulement quand vous aurez commencé d’abolir en vous les racines de ces institutions monstrueuses !
Le travail, le salariat, l’entreprise, la pub et l’échange marchand ne sont pas nés par hasard ni de la dernière pluie.
Avant le capitalisme mondialisé qui étend à l’heure actuelle ses ravages à la planète entière, les humains avaient déjà choisi depuis longtemps de fonder leurs rapports économiques et sociaux sous le signe de la domination, de l’exploitation, de l’égoïsme et de la peur mutuelle.
Les multinationales monstrueuses, la généralisation de la misère et de la précarité à l’échelle de la planète, les menaces sur le climat, les pollutions et autres destructions massives... ne sont que la suite trop logique des choix faits par l’humanité sur les plans individuels et collectifs. Ces choix qui n’ont pas été révisés à ce jour dans les faits malgré les constats de l’horreur des sociétés actuelles et malgré des bonnes idées.
A moins de croire que les humains seront toujours des barbares incapables de changements et que l’humanité est vouée aux totalitarismes, il est intolérable d’imaginer que le capitalisme et les fausses démocraties qui l’accompagnent (quand il ne s’agit pas de carrément de dictatures) soient le meilleur des mondes possibles.
Pour espérer sortir pour de bon du capitalisme ou de ses avatars, il faudrait déjà comprendre pourquoi il existe.
Le capitalisme n’a pas été créé par l’Etat, les patrons ou des extra-terrestres. Ce système ultra-violent et injuste s’est créé parce que la quasi-totalité des humains ont été incapable de construire autre chose. Bien sûr il y en a qui profitent plus que d’autres, il existe des polices et des entreprises qui entretiennent le cercle vicieux et enfoncent le clou toujours plus profond, mais les conséquences et les systèmes collectifs oppressifs ne sont pas les causes profondes de l’existence du capitalisme. Les oppresseurs en profitent, ils l’aggravent, le perpétuent et veulent le rendre indépassable, mais ce n’est pas eux qui le fabriquent seuls et il n’y a jamais eu de vaste complot planétaire des puissants pour asservir les masses laborieuses.
Les institutions oppressives et aliénantes ne font que refléter et amplifier les choix individuels en les verrouillant dans les cercles infernaux de la misère et de l’esclavage moderne. Le salariat apparaît parfois comme un progrès (par rapport à l’esclavage par exemple), mais si on regarde les choses au niveau mondial, la pauvreté et l’extrême précarité s’accroissent, les problèmes ne font que se déplacer dans le temps et dans l’espace. Et le salariat s’apparente plus à une forme moderne d’esclavage qu’à une libération. Des humains qui restent "intérieurement" dans la logique du capitalisme (avidité, cupidité, accumulation, peur de l’autre, égoïsme, compétition, accaparement et privatisation des animaux et des richesses de la Terre...) ne peuvent pas vaincre le capitalisme même s’ils le rejettent sur un plan théorique et/ou dans leurs tripes.
Pour ne plus susciter de pouvoirs, il faut être capable d’autonomie, de respect et de liberté, il faut soi-même ne plus jouer de rôles de domination (envers les autres animaux aussi), que ce soit dans les activités, les relations ou autre.
En conséquence, il est incontournable que les personnes qui souhaitent réellement sortir du capitalisme fassent l’effort d’une transformation personnelle profonde pour être capable de vraiment sortir de sa "logique" et de ne pas le recopier d’une manière ou d’une autre.
Le devoir des personnes qui s’en sont rendues capables est de construire entre elles d’autres rapports économiques : une économie fondée sur le partage, l’égalité dans l’accès aux richesses, l’autogestion, l’absence d’instances autoritaires, les activités au lieu du travail, l’émulation et l’entraide au lieu de la compétition, le droit d’usage au lieu de la propriété, le partage égalitaire au lieu du salariat, des fonds de pension et de l’actionnariat.
En conséquence, ces personnes, de quelque milieu ou classe qu’elles viennent, doivent chercher à s’associer pour construire dès maintenant une alternative radicale au capitalisme ou ses avatars. Des personnes isolées ne peuvent résister face aux rouleaux compresseurs. Il est possible, même si c’est très difficile, d’utiliser les lois existantes pour créer des structures égalitaires : sociétés civiles, coopératives, associations..., qui permettraient de vivre et de « travailler » déjà à l’écart du joug capitaliste, qui permettraient de mettre à l’épreuve et d’approfondir nos convictions et changements de mentalités. Plus il y aura de personnes impliquées, plus ce serait accessible. Bien sûr, cela demande des personnes sérieuses, altruistes, ouvertes, capables de se faire confiance, de s’organiser efficacement sans verser dans le foutoir stérile ou l’émergence de chefs. Là est tout le problème, et il est obligatoire de l’affronter et d’en prendre la mesure si on prétend vouloir sortir du capitalisme. Ce n’est pas les incantations, les émeutes ou les lamentations qui vous rendront capables d’autres rapports économiques (et autres) avec les gens, les structures autogérées ne vont pas tomber toutes cuites du ciel parce que vous aurez prononcé la bonne formule ou semé la terreur, et que les riches seraient obligés de lâcher leurs privilèges indus.
Pour arriver un jour à ne consacrer que peu de temps aux tâches destinées à produire les biens et services nécessaires au confort pour toustes, pour que chacunE ait les moyens de mener librement des tas d’activités intéressantes (art, politique, gestion commune, sieste, amour, science, débats, jeux...), pour que les richesses ne soient plus détruites, monopolisées ou gaspillées..., c’est à chacunE de devenir unE dissidentE du capitalisme, un être libre capable de construire une économie fraternelle dès maintenant.
Dans un premier temps, ce sera très difficile, car nous serons face à nos propres limites, de plus le capitalisme et l’appareil d’Etat (2 pôles indissociables du même monstre) auront toujours une présence écrasante. Mais il n’y a pas d’autres voies que de changer nos mentalités et de se lancer dans la rupture avec les systèmes fondés sur la contrainte et l’exploitation. Il faut se lancer dans l’utopie pour espérer dépasser nos propres limites et violences. C’est l’action qui pousse au changement individuel, et ce sont les changements individuels additionnés qui permettent à l’action utopique d’aller plus loin et d’avoir des effets collectifs révolutionnaires.
Finalement, tout est possible, pour la simple raison que tout dépend des individuEs, nul Etat ou entreprise ne pourraient durablement entraver des personnes résolument décidées à se changer, à changer les fondements de l’économie et de la société.
Tout est possible, et si rien ne change, il ne faudra nous en prendre qu’à nous-mêmes.

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